Modulation des doses intraparcellaires

Intervention de Gilbert Grenier - Bordeaux Sciences Agro - dans le cadre du séminaire annuel de la Chaire agrotic. Spécialiste de l'agriculture de précision. Qu'est-ce qu'on peut moduler et pourquoi ?

0.38 : De fait l’agriculture de précision prend en charge la variabilité intraparcellaire.
« La bonne dose, au bon endroit, au bon moment. » Site-Spécific Crop Management.

1.13 : Modulation : Gestion de la variabilité intraparcellaire
VRT : Variable Rate Technology (technologie)
VRA : Variable Rate Application (intrants)

La notion d’agriculture de précision incluait la modulation des doses.

1.31

Ce schéma date de 1997.

Le premier temps : Mesure de la collecte de donnée : quoi mesurer, comment avec quelle résolution ?
Quelle stratégie d’acquisition (grid sampling ou prélèvements orientés)
Le deuxième temps : Analyse des données / prise de décisions : Comment définir des zone de gestion ? Comment définir les actions à mener pour chaque zone ? Comment définir les actions à mener pour chaque variable agronomique ? Chaque variable agronomique doit être traitée différemment (azote différent de potasse)
Le troisième temps : Modulation des actions : Quoi moduler ? Quelles priorités ? Quels gains possibles ?

3.29 : Les trois temps (Mesure/Décision/Action) entrent pour moi dans l’Agriculture Mesurée.
On est plus sur le bilan mais sur un concept beaucoup plus dynamique. Capteur en amont et en aval des actions spécifiques.

3.55 : L’interopérabilité est indispensable à tous les niveaux. Depuis la mesure pour permettre l’analyse des données. Retour de données vers l’agriculteur et éventuellement son conseiller, entre les machines elles-mêmes. Cette interopérabilité est un verrou qui subsiste et qui n’est pas totalement levé.

Modulation : des définitions variées
Définition restrictive : répartition non uniforme des intrants dans la parcelle, mais la quantité totale est strictement la même qu’avec une répartition uniforme. Au lieu d’avoir une répartition homogène, on a une répartition différenciée.
Définition élargie : « Modulation = Variation, adaptation, modification de quelque chose selon certains critères ou certaines circonstances ». (Source Dictionnaire Larousse).
Si on prend cette définition élargie, qu’est-ce qu’on peut moduler ?
– tous les intrants (amendements, engrais et oligo-éléments, produits phytosanitaires, irrigation).
– le travail du sol, le semis, …
– les récoltes (récoltes sélectives par exemple vinifications différentes de cépages ; récoltes échelonnées consistant à récolter des parties de parcelle),

6.21 : Il n’y a aucun freins technologiques qui empêcheraient la modulation.

6.33 : Pourquoi moduler ? Intérêt de la modulation pour les agriculteurs ?
Selon une approche classique :
– le coût (mesures, accès aux données, matériels, conseils,…)
– les gains potentiels (rendement, qualité, économies d’intrants,…)
– comment juger de la rentabilité, …
Selon une approche alternative (inversée):
– quel est l’intérêt pour l’agriculteur à ne pas moduler ?
– est-ce possible de respecter les règles agronomiques pour des parcelles à forte variabilité intraparcellaire ? Est-ce raisonnable de les ignorer ?

8.34 : Carte de rentabilité qu’on n’utilise pas en France.

On transforme des cartes de rendement en carte de produit brut, on intègre les coûts de production. Au final on a des cartes de rendement qui deviennent des cartes de rentabilité.
Sur l’illustration, vous voyez que où tout ce qui est en rouge, l’agriculteur perd entre entre 200 et 400 euros de l’hectare. Il a des questions à se poser : a-t-il raison de cultiver comme il le fait ces zones ? Sur la carte de droite où tout est bleu on peut se demander quel intérêt on aurait à faire de la modulation intraparcellaire étant donné l’homogénéité des résultats obtenus.

La situation de gauche est beaucoup plus fréquente que la situation de droite.

9.50 : Souvent les agriculteurs savent qu’il existe de fortes variations au sein des parcelles mais ils n’en connaissent vraisemblablement pas  les conséquences économiques.
Une analyse fine des coûts de production est le préalable à la réflexion.

D’une manière générale on ne fait pas assez d’analyse de coûts de production en agriculture alors qu’on le fait dans d’autres secteurs industriels. Il faut connaitre ses coûts au niveau intraparcellaire. Au niveau de la parcelle ça a un intérêt moindre.

10.38 : Avant de penser modulation, il faut s’assurer de la qualité et de la précision des travaux réalisés. Par exemple il y a des machines agricoles qui ne sont pas toutes performantes, toutes bien réglées.
Avant de chercher à moduler il faut chercher à faire le mieux possible avec ses matériels.

11.10 : Il y a eu de grandes améliorations (distributeurs d’engrais notamment) mais il reste des choses à améliorer (pulvérisateurs, épandeurs,…).

11.39 :

Ex. Production de Noisettes en Lot et Garonne.
Carte de gauche : rendement en tonnes : 3t/ha en jaune à 8t/ha à droite…
Carte de droite : marge brute 2500 euros/ha à gauche et 11000 en rouge.

Pour l’agriculteur ce qui est important c’est de savoir d’où viennent ces écarts et qu’est-ce qu’il peut faire ?
La variabilité intraparcellaire est très nettement supérieur à la variabilité entre vergers du même producteur ou de producteurs différents.  Donc on a plus à gagner au sein d’une parcelle qu’en prenant exemple sur les parcelles d’à-côté.

13.08 Pour compléter il faudrait également comparer les bilans d’exportation

Ce sont des paramètres élémentaires mais qui ne sont pas malheureusement pris en compte. Prendre en compte ces exportations dans le bilan est un impératif agronomique fort.

13.35 : Comment appliquer des règles agronomiques essentielles avec des grandes parcelles ?

14.01 Autre cas – verger noisettes unicoque

Si on ne fait pas de modulation, on va traiter toute la parcelle de la même façon. Agronomiquement, la valeur moyenne n’a pas de sens. On est amener à moduler si on veut faire les choses bien. Moduler la chaux est une des choses les plus faciles.

15.15

Remembrement de petites parcelles (à droite photo aérienne 1958 ; à gauche 2016). On a mis ensemble des petites parcelles qui n’avaient pas la même histoire, pas le même taux de matière organique, … Trente ans après ça se voit toujours dans le paysage.

15.48 : Le fait d’avoir fait du remembrement a augmenté la variabilité intraparcellaire. Cette action n’a jamais homogénéisé les parcelles. Dans certains cas l’écart s’est creusé.

16.08 : Une solution de l’agriculture de précision : un démembrement virtuelle des parcelles pour tenir compte des disparités.

Priorité : Remonter les zones les plus fragiles qui sont à 1- 2 ; celles qui sont à 3-4 peuvent attendre un petit peu.

19.31 : Comparaison de deux approches :
Règle habituelle préconisée à gauche : 3kg azote par quintal de blé.

Si on regarde la courbe de droite : on est en indice 100 en 1990. Courbe orange : production de céréales et colza et la courbe verte les engrais achetés par les agriculteurs.

De 1976 à 1990 les courbes sont passé de l’indice 60 à 100. Ensuite l’une est montée à l’indice 130 (production de céréales et colza) et l’autre à l’indice 80 (livraison d’azote minéral).

Autrement dit on a une meilleure efficience de l’azote parce qu’on a des outils de terrain pour ajuster les quantités. Ce qui questionne sur l’indice de 3 kg/q. Est-ce qu’il ne faudrait pas revoir cet indice.

20.22 : L’agriculture de précision :
– un retour aux fondamentaux de l’agronomie (sol, climat, plante),
– expérimentations en vraie grandeur (vers la fin des essais en micro-parcelles ?)
– meilleures connaissances technico-éconnomiques (culture/parcelle/exploitation)
– identification plus simple et plus complète des dysfonctionnements (préconisation, intrant, machines,… ex : qualité du lit de semence/rendement)
– identification des responsabilités plus simple (agriculteur ou ETA par exemple)
– prise en compte d’éléments trop souvent ignorés (pente, transferts d’eau et de nitrates dans le sol, dynamique des ravageurs,…)

21.30 : L’agriculture de précision repose sur une analyse agronomique plus complexe mais… bien plus motivante.

22.02 : Question : Est-ce qu’il y a une taille optimale de parcelle pour mener cette modulation ?
Réponse : Non. Même des petites parcelles peuvent justifier d’être modulée. La réponse est plutôt sur la taille de la zone. Si on a une variabilité qui est très éclatée on ne pourra pas moduler. Par contre si on a une variabilité qui est structurée en taches donc en zones relativement importantes, là on va pouvoir moduler. Il ne faut pas voir la modulation à la plante prés mais déjà si on fait mieux que ce qu’on fait on a un gain intéressant.

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