Le semis direct

Lucien Seguy était l'un des pionniers du semis direct.

1.40 : Mon maître c’est la Nature. Posez-lui une question elle vous répondra.
Il faut le faire pour qu’elle puisse vous répondre et le faire de façon scientifique pour comprendre pourquoi.

2.05 : Si déjà on avait considéré que les sols étaient des composantes de la croute terrestre qui sont fondamentalement pour l’avenir ou que ce sont des puits de carbone colossaux.

4.10 : Les sols qui se dégradent au sens de perdre sa structure, sa matière organique, sa  vie biologique, il y en a de plus en plus. Sur les 1.5 milliard d’hectares, il y en a des centaines de milliers qui sont dégradés, c’est à dire qu’on pourrait restaurer.

7.47 : La gestion durable des sols agricoles doit avoir 3 objectifs :
– Fournir des produits de qualité avec minium d’intrants et rentabilité ;
– Minimiser les impacts sur l’environnement ;
– Conserver le patrimoine-sol dans toutes ses potentialités.

Il s’agit de savoir comment on rend un sol stérile productif. On pourrait se dire qu’analyser ce qui se passe dans les pays chauds et humides comme le Brésil n’a aucun intérêt pour nos pays. Or ce qui se passe là bas c’est la même chose que ce qui se passe sous nos climats tempéré à une échelle plus lente. Mais ce qui se passe là-bas préfigure ce qui va se passer chez nous sur des temps plus long.

10.31 : Les altérations qu’on fait aux sols ce sont les mêmes que l’on soit au Brésil ou en Europe. ça va plus ou moins vite selon que le sol est structuré ou autre. Ce qui se passe sous des climats chauds et humides où tout est exacerbé (multiplié par 10) c’est la même chose que dans les climats tempérés mais sur une échelle de temps plus longue. Et donc on ne le perçoit pas chez nous car ce qui dure à l’échelle d’une génération. La preuve c’est le gars qui continue à labourer alors que quand vous regarder le haut des parcelles tout est blanc, il n’y a plus de sols. Ce que vous voyez de blanc dans les paysage… les sols sont descendus déjà. Le monsieur il faut qu’il mette beaucoup d’intrants chimiques et il n’y arrive pas ils sont trop chers.

13.17 : Au Brésil, un soja qui est là normalement pour vous aider à fixer de l’azote gratuite dans le sol et bien il prend l’azote sur le sol. L’année d’après vous plantez une céréale dessus et vous vous apercevez qu’elle est plus jaune. Vous vous demandez pourquoi. C’est simple, la machine à fixation symbiotique n’a pas marché et donc il faut bien qu’ils prennent l’azote quelque part. Une tonne de soja exporte dans ses grains 50 kg d’azote. Autrement dit si vous faites une production de 3 tonnes de soja, vous sortez 150 kg de ressources azote du sol…

14.46 : Tout le monde peut détruire les sols. On sait que les outils à disque déstructurent les sols. Plus l’intervalle entre les disques est petit et plus vous allez vite et plus vous déstructurez les horizons qui sont travaillés par ces outils.
15.30 : Si vous voulez voir ce que sera votre sol, il vous suffit de passer 20 fois de suite et vous attendez qu’il pleuve pour voir ce que cela donne. Vous aurez raccourcit sur un an ce qui se passerait sur 5.

Densité sol 1.4 au fond et 1.02 en surface. Les racines c’est du coton.

16.47. Rien qu’en retournant quelques mottes de terres avec une fourche plate, on peut connaitre le sol et écrire le futur des parcelles. Il ne s’agit pas bien sûr de faire des trous partout. Il y a une méthodologie derrière tout ça. La résultante d’un profil structural ce sont les racines des plantes qui sont dedans. Il est évident que la racine est la résultante de ce que vous avez fabriqué. Ce que les racines n’aiment pas c’est une grande différence de densités (très faible en haut et très forte en bas). Elle commence par un sol facile et arrive sur du béton.

18.47 : En travaillant mal le sol, on transforme une érosion en nappe en une érosion linéaire.

19.25 Sols inondés au brésil . Pour l’échelle : les arbres en bas à droite mesurent 40 m de haut. Mono culture de soja, sol traité avec engins à disques, sols déstructurés et compactés (semelle en-dessous du passage des engins à disque…). Tout ce qui tombe ruisselle.

20.00 : Quand on déstructure des sols à 70% d’argile ils deviennent de la poussière.

20.31 : Ces poussières que tout le monde respire ça n’a jamais interpelé jamais personne. Le coton qui vient de naitre, cette poussière bouche les stomates et dedans il y a des dérivés de l’urée. Toutes les particules chimiques elles sont fixées dans les sols par les colloïdes. Quand on déstructure un sol ce sont les colloïdes qui volent ce ne sont pas les sables. La matière organique chargée de produits phytosanitaires s’en va aussi. On s’est mis à faire du semi-direct sur couvert végétal.

21.50 : Comme il n’y a plus de biologie pour défendre la culture, les maladies arrivent.

23.30 : Les couverts végétaux (des mélanges intelligents de plantes) permettent de se passer des cycles avec jachère. En 1 an on peut faire mieux que 17 par la nature. Quand on a compris comment ça fonctionnait. Il faut commencer par végétaliser globalement pour permettre de faire paturer les bêtes et reconstituer les sols et ensuite on crée des infrastructures, développe des cultures.

26.00 : La connaissance de la flore, herbacée tout au moins, est une donnée fondamentale de l’agriculture de demain. Il faut reconnaitre les plantes et savoir pourquoi elles sont là.

27.14 : Si on a un sol très compact, bétonné, on peut le décompacter avec des plantes telles que les senna.

29.15 : Vanité de vouloir faire des aménagements hydrauliques dans les plaines si on n’a pas stabilisé les versants.

On commence à 7.9% de matière organique dans le sol. Monoculture (maïs), labour continu et en 15 ans, on a moins de 2.8%… Là où ils gagnaient sans engrais, sans mauvaises herbes avec des grosses production (6-7 tonnes).

33.12 – En une nuit, en Tunisie :

34.19 : Travailler le sol c’est perdre la matière organique et c’est aussi un risque énorme de perdre le capital sol dans un changement climatique toujours plus imprévisible et agressif.

35.27 : Il y a des applis qui vous réveillent à 4h du matin pour vous dire que le degrés hygrométrique est tombé pendant la nuit et qu’il faut aller appliquer un fongicide.

35.59

36.45 Comparaisons des systèmes de cultures.

37.56

Ce qu’on ne voit pas. On est en pleine forêt. Au bout de 5 ans de discages et de monoculture, on a perdu 29% de matières organiques de l’horizon 0-10. En travaillant le sol, on désagrège les agrégats, on déprotège les matières organiques. Comme elles sont sont exposées (il fait chaud et humide), elles perdent leur carbone.

38.54 : Nécessité pour nourrir les humains de demain :
– Cultiver les sols de la planète autrement pour produire plus par unité de surface,
– Proprement (sols, eaux, productions),
– Au moindre coût.

39.30 : Implanter des cultures sans labourer les sols existait déjà. Dans les années 30 aux USA, les frères jung ont été les premiers. Ils ont fait du soja dans du blé sans préparer les sols.

40.06 : Le semi-direct a commencé au Brésil dans les années 60.

Cette forêt amazonienne a poussé sur les sols les plus vides du monde du point de vue chimique. Ce sont des sols ferrallitiques, les plus vidés de tout. Pas d’argiles. C’est de la kaolinite qui est restée, des hydroxydes de fer et d’alumine, pas de phosphore, pas de potase. Les bases n’y sont plus.

42.29.

C’est un système plante-sol fermé au sens nutritionnel. Rien n’est perdu, tout est recyclé.

42.58 : Caractéristiques du fonctionnement de l’écosystème forestier, transférées et adaptées aux écosytèmes cultivés, en semis direct :
– sol toujours protégé sous couverture permanente,
– production primaire de phytomasse très élevée, même sur sol très pauvre chimiquement et acide, sol basique, etc…
– créer un horizon 0-10 cm, protégé, centre d’une activité biologique continue, qui comme sous forêt, assure l’essentiel de la fourniture des nutriments par les racines des cultures, les mycorhizes et la biomasse microbienne.
– capacité de garder la majeure partie du stock de nutriments, pas dans le sol, mais dans la phytomasse et minimiser ainsi les pertes en nutriments (cycle sol-cultures en circuit fermé)
– utiliser au-dessus du sol une très forte biodiversité fonctionnelle, qui, comme sous forêt, garantit les grands équilibres biologiques (multifonctionnalité agronomique gratuite) et la stabilité de l’écosystème

44.00 : Pour implanter une forêt la nature du sol n’a pas d’importance. On sait ce qu’il faut faire pour faire monter les espèces. Les outils mécaniques vont être remplacés par des outils biologiques.

44.53

45.21

On ne coupe pas les cultures à ras. On coupe un peu avant la floraison, là où il y a la biomasse maximum et on laisse une hauteur car elle repart derrière avant le semi que je vais faire, mon sol se recouvre de nouveau. C’est vrai que j’ai exporté mais j’ai reprotégé mon sol.

45.46

Le problème des bio c’est qu’ils ont toutes les vivaces dans leurs parcelles (le ray-grass, le rumex, …). Quelqu’un aurait du leur expliquer que pour entrer dans un système de semis direct sans toucher au sol il fallait enlever les vivaces. Le glyphosate qu’ils veulent enlever sans savoir aurait au moins servi à passer d’un système à l’autre sans ces inconvénients majeurs.

46.22 Les mélanges de plantes.

Ce sont les couverts végétaux qui vont travailler le sol que les charrues faisaient avant.

Plante au Cambodge. Elle fait un mètre de haut. Elle a deux propriétés : elle est extrêmement mycorhizée et donc capte le phosphore même s’il y en a peu. Elle a dans sa rhizosphère des fixateurs libres d’azote en grand nombre.

48.34 : Plutôt que d’acheter 4 tonnes d’amendement pour corriger l’acidité du sol, acheter 250 kg de K2O à l’hectare pour corriger la carence en potase, on plante cette plante 6kg/hectare. Elle mobilise de la fertilité dans sa biomasse, on en fait un couvert et elle va, en se décomposant, redonner ses nutriments qu’elle a mobilisé dans sa matière verte.

49.23

49.48

Dans les racines on croit qu’il n’y a rien or il y 40 unités d’azote, …

50.19

En 90 jours. Une variété a 282 unités de K, ça veut dire 320 unités de K2O, 500 kg de chlorure de potasse.

50.48

51.33

Un livre important, une approche très systémique : Sol vivant

53.59 :

A droite de cette photo aucun herbicide n’a été mis, c’est la nature de la couverture qui a tout contrôlé. A gauche, utilisation intensive de glyphosate et de 2.4D.
Même si on a des plantes résistantes au glyphosate et aux autres herbicides, on s’en moque. C’est tout de même un gros espoir pour demain.

55.30

Le couvert est inégale ce qui donne des pousses d’herbes alors que le jour du semis tout été couvert pareil. Sauf que là où il a des pousses, c’était un type de couvert qui se décompose très rapidement alors que ce qui est vers nous ce sont deux graminées (sorgho et un brachiaria) qui se décomposent très lentement. Déposés à une très forte densité : 15 à 20 tonnes de matières sèches au-dessus du sol. Mais l’autre partie est couvert avec un matériel qui a un C/N beaucoup plus bas et qui se décompose très vite.

56.46 : Le vrai sujet est de ne pas utiliser d’herbicide du tout.

56.50 : Principes de base
Ces systèmes productifs sont à impact environnemental positif puisqu’on régénère les sols.
– Couvert pérenne : légumineuse ou graminée
dominante sur adventices
1 seule plante à contrôler dans les cultures.

– Semis direct sur couvert maintenu vivant dans la culture :
Obligation de réduire herbicide pour conserver couvert vivant ;
Mettre la couverture sous ombrage de la culture le plus vite possible ;
Concurrence couvert/culture possible seulement sur les premiers 45 jours de cycle (épisode sec par exemple).

57.12 – impératifs techniques :
Semer avec espacement étroit, cultivars très vigoureux au départ pour mettre couvert sous ombrage le plus vite possible.

57.20 – Avantages :
– monoculture possible de la culture la plus rémunératrice : C’est le couvert qui pilote le fonctionnement agronomique du système ;
– on ne peut pas rater le couvert, assez fréquent en inter-cultures (été très sec) ;
– gestion herbicide minimum, réduction N de 1.2 (cas de couvert légumineuse pérenne).

57.39

58.32

58.39

59.44 – Profil de sol avec beaucoup de racines.

Il y a une trame élastique. Les machines peuvent passer dessus, le sol se tasse et retrouve sa forme initiale.

1.00

1.00.25 – Pour la même espèce, plantée en même temps dans le même terrain, les systèmes racinaires ne sont pas faits pareil.

Entre un labour profond et un semis direct la structure racinaire n’est pas du tout la même. En semis direct les plantes sont plus courtes

1.01.30 profil

Beaucoup de gens disent que pour passer du travail du sol au SCV il faut au moins 20 ans, c’est faux !  Il faut 3 mois. Et après il faut entretenir cette machine-là.

1.05

1.05 : Comparaison TCS – SCV
Le TCS est un petit mieux que le labour.

1.06.

1.07.17 : La productivité se fait par la génétique mais aussi la contention des maladies notamment par la gestion du sol.

1.07.37 : impact sur le carbone par sur-développement des systèmes racinaires.

1.07.50 : comparaison des racines des riz (à gauche le traditionnel à gauche celui en semis direct.

par ce volume de racines on met 50% de plus de carbone dans le sol.

1.08.37

On progresse beaucoup plus par le gestion du milieu que par les cultivars sous réserve qu’ils aient un gros potentiel de production.

1.10.41 Couverture végétale d’un an

1.14.55 Il y a 7 millions d’hectares de prairie naturelle en France. 29 millions d’hectares plantés. Ces prairies ont été écartées il y a très longtemps de l’agriculture car elles étaient le plus souvent très accidentées donc incultivables mécaniquement. On peut les cultiver en semis direct car les prairies naturelles sont très riches au niveau matière organique, vie biologique.

1.16.10

1.16.35 Une façon d’éviter le glyphosate est de faire des couverts végétaux avec mélanges de plantes annuelles.

1.16.57

On avait des restes de colza restés en terre. On voit les repousses sur la droite de la photo. Cela ferait un bon couvert pour le blé qui arrive derrière. Et comme c’est semé très dense ça contrôle pas mal de choses. On a mit de la vesce qui a pris le dessus. Le blé l’année suivante a grandement bénéficié de la vesce (700kg).

1.19 Comparaison pour une même parcelle

1.20.21 Comparaison traité – non-traité

1.21.57

1.23.00

1.24.00 : Le fais d’économiser sur les produits phyto c’est de la marge en plus.
Les agriculteurs français utilisent les arguments suivants :
– parcelles trop petites comparées à l’Allemagne ou l’Espagne,
– main d’oeuvre trop cher par rapport à  l’Allemagne qui utilise de la main d’oeuvre de l’Est.
Mais la vraie question est dans les coûts de production et dans la surveillance de la grande distribution pour qu’elle ne vienne pas ronger tout ce qu’on a pu gagner.

1.26.52

1.29.00 : Chiffre d’une exploitation menée en SCV sur 2016-2017 (année extrêmement difficile).

1.31.00 : La nature se récupère à une vitesse que vous n’imaginez pas. Il va falloir oser l’arrêt des intrants chimiques. Ce n’est pas parce qu’on a quelques mauvaises herbes qu’on doit traiter. Et on peut se servir des mauvaises herbes.

1.33.20 Comparaison de deux modes de cultures sur une même parcelle

1.35.46 C’est toujours les mêmes trois plantes qui poussent sur les chaumes de France. On aurait pris les graines de tout ça pour les semer à la volée ça ferait un couvert d’été. Ces plantes nous montrent qu’elles se foutent de la variabilité climatique puisqu’elles sont toujours là.

1.41.19 SCV bio

On laboure et sarcle résultat quand il y a des pluies tout part à la rivière. C’est de l’obscurantisme scientifique le plus bête.

1.43.00

1.44.00 Vingt ans après

 

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