La façon d’envisager l’agroécologie au lycée de Neuvic ne consiste pas seulement à limiter les pratiques sur la biodiversité mais c’est bien d’utiliser la biodiversité comme un facteur de production à part entière et donc s’appuyer sur elle pour apporter de la résilience au système. Il s’agit de la considérer comme un atout et non comme une contrainte qui émanerait d’une demande sociétale ou d’une règlementation.
Quand on veut mettre en pratique l’agroécologie sur une exploitation agricole, il y a des éléments qui sont extrêmement importants et intéressants : les éléments fixes du paysages qu’on appelle les infrastructures agroécologiques (IAE). C’est tout le maillage de haies, de bosquets, d’arbres isolés, de mares et de murets qui sont extrêmement intéressants du point de vue agroécologique car ce sont des zones de reproduction, de refuge ou de nourriture pour la faune. Ces éléments sont également très intéressants pour l’agriculteur sur un plan agronomique et économique.
Si on prend l’exemple de la haie, elle assure de multiple fonctions agroécologiques et des fonctions extrêmement intéressantes pour l’éleveur par exemple elle va fournir de l’abri pour les animaux en périodes estivales et hivernales, elle va limiter l’érosion du sol grâce à son système racinaire. Elle va aussi permettre l’infiltration de l’eau et favoriser la réserve utile. Elle va permettre la présence d’auxiliaires de culture en favorisant les régulateurs des bio-agresseurs. Mais cette haie va constituer également une ressource en bois. On l’utilise beaucoup en bois de chauffage et récemment on s’intéresse à la ressource en bois litière. Ressource intéressante en haute Corrèze peu productrice en céréale pour faciliter l’autonomie des exploitations agricoles.
Une journée a été organisée avec la chambre d’agriculture de la Corrèze et la Ligue de protection des oiseaux, gestionnaire du site Natura 2000 des gorges de la Haute-Dordogne. L’objectif : montrer aux agriculteurs et aux étudiants l’intérêt multiple de la haie notamment pour le bois litière.
Détails de la journée.
Pour pérenniser la démarche, il a été demandé à un groupe d’étudiants de faire un diagnostic de linéaire de haies de notre exploitation agricole, d’évaluer le potentiel valorisable en bois litière et d’établir un plan de gestion.
Le projet a consisté en la mise en place d’un protocole établi à partir d’un guide technique d’entretien courant des haies et des bordures de champs qui nous a été fourni par la chambre d’agriculture de Bretagne et que nous avons adapté à notre contexte. Ce guide permet d’évaluer le cubage approximatif d’une haie en fonction de sa typologie. Nous avons donc mis en place sur notre fiche terrain une classification des haies en fonction de leur typologie et des besoins nécessaires à la ferme du Manus. En plus de cela on a eu l’idée de faire un inventaire exhaustif des gros et très gros bois vivants présents sur la ferme du Manu. L’objectif principal étant de produire le plus de bois possible. En voulant maximiser la production de bois, il y a un risque de couper des arbres qui ont un grand intérêt écologique et il nous a paru important d’inventorier tous ces arbres pour pouvoir les préserver.
Nous avons fait une phase terrain qui a durée 2-3 jours sur toutes les parcelles de la ferme pour pouvoir estimer toutes les haies. Nous en sommes à l’analyse des résultats pour pouvoir créer le plan de gestion de ces haies et avoir une idée de l’intégralité du cubage de la ferme.
Carine Rougier, enseignante et référente agroécologie, Eplefpa de Haute Corrèze, Lycée Henri Queuille du site de Neuvic.
Témoignage d’un étudiant du groupe de projet tutoré :
Charly Berges, élève de 2eme année de BTS Gestion et Protection de la Nature à l’Eplefpa de Neuvic, Corrèze.
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