Constat de départ :
Les éleveurs du GIEE en étaient tous au même point : Les charges alimentaires de l’élevage coûtaient trop cher. On s’est rendu compte qu’on était encore sur des systèmes assez anciens basés sur le maïs ensilage. Avec des ratios 40% de maïs ensilage et 4 kg de correcteur pour équilibrer + les concentrés de production. Tout cela n’était pas rentable : les factures d’aliment acheté correspondaient à presque 50% de la paye de lait.
0.40. Les pistes de travail :
– réincorporer des luzernes à la place de maïs ensilage pour amener des protéines. Rien que le fait d’avoir retravaillé nos PN comme il faut, de les avoir valorisés en les ensilant de bonne heure, en ayant des aliments haut en matière azotée et en UF
– en ramenant de la luzerne ensilée (on arrive à faire des luzerne autour de 18 de MAT de moyenne), avec du maïs grains humides et maïs épis.
On a réussi à économiser autour de 30 euros au 1000 litres de coût alimentaire. Soit de 25 à 35 ke suivant la taille de l’exploitation.
1.23 : Avantages et inconvénients du méteil :
Avantages : On peut se passer de désherbage et de fongicides, c’est le gros point positif. Avoir un aliment beaucoup plus équilibré. Avoir un chaume qui permet de retravailler plus facilement le sol. Il y a une vie du sol beaucoup plus intense avec des nodosités beaucoup plus riches.
Inconvénient : La difficulté à faire des mélanges efficaces. Vouloir faire un méteil grain avec trop de protéagineux c’est risqué au niveau de la verse. Il vaut mieux limiter ce risque pour récolter plus facilement.
Autre incovénient : manque d’homogénéité sur les parcelles du fait des sols différents.
2.24 : Quels impacts positifs sur le troupeau ?
Le méteil grain a commencé à être incorporé au mois d’aout 2020. Il n’y a pas eu de changement sur la ration autre que le remplacement de l’orge farine par du méteil broyé. 3.2 kg par vache et par jour. Résultats constatés tout de suite : augmentation des taux : Taux Protéiques et Taux Butyreux entre 1.5 et 2.
3. : En quoi le méteil contribue à l’autonomie protéique de l’exploitation ?
Sur les analyses que nous avons faites au niveau de tout le GIEE, ça allait de 16 à 18-19 de protéines.
On a un aliment équilibré. Pour équilibrer la farine, on a besoin de moins mettre de soja.
3.20 : Qu’est-ce que vous avez observé au moment de la transition alimentaire avec le méteil ?
Quand on a fait la transition avec les luzernes et l’ensilage des prairies naturelles de bonne heure. Tout ce qu’on ne faisait pas avant. En fait au début on s’était focalisé sur l’autonomie protéique et au final on s’est retrouvé en déficit énergétique sur l’exploitation avec des fourrages très azotés et on manquait d’énergie en face pour reconcentrer nos rations. Aujourd’hui on ne veut pas parler d’autonomie protéique. Il faut parler d’autonomie fourragère globale.
3.57 : Quel parcours vous faites pour l’ensilage au niveau du préfanage ? C’est une plante gorgée d’eau…
C’est l’une des grandes difficultés. Je vais vous parler de ce que je fais sur semi luzerne et prairie naturelle. Ce qu’on a observé au niveau du GIEE c’est qu’il fallait vraiment récolter nos premières coupes de bonne heure. C’est primordiale pour aller chercher des valeurs et pour avoir derrière des deuxièmes coupes qui vont bien. Sur des fauches fin mars début avril il n’y a pas encore des grosses chaleurs et c’est assez compliqué d’aller faire des préfanages. Donc il y a des fenêtres très très courtes. C’est très difficile d’aller chercher des fourrages au-dessus de 25% de matières sèches.
4.56 : Est-ce que le méteil a aidé à passer la sécheresse ?
Le méteil et le fait d’ensiler les prairies de bonne heure. C’est sûr que ça permet de faire beaucoup moins de maïs ensilage ou de maïs grain, de faire le maïs a des parcelles qui conviennent mieux ou qu’on peut irriger et ça permet de sécuriser la récolte.
5.22 : Les pistes d’amélioration
Au niveau de l’assolement on va arriver à se caler. Le gros du changement va être de pouvoir commencer à travailler sur du semis direct.
5.34 : Quel rôle pour les méteils dans la transition agroécologique et la PAC ?
ça a un intérêt pour la prochaine PAC mais aussi par rapport à l’utilisation des pesticides (ce sont des cultures qu’on peut faire sans pesticides). En terme d’agronomie ça a un intérêt aussi puisqu’on a des plantes qui captent de l’azote et qui le redistribue à la céréale à côté.
6.14 : Intervention de François Hirissou :
La question que tu posais par rapport au méteil : Comment ça s’inclut dans les processus ? C’est que c’est inclus dans les rotations qui ont été diversifiée. C’est souvent une culture récoltée au printemps et qui va permettre, grâce au travail des différentes racines, d’introduire un couvert d’été ou une culture d’été avec du semis direct. Parce le méteil a cette capacité, au-delà de la production d’azote, d’avoir un travail de structuration des sols par les racines sans avoir besoin de repasser un outil pour semer une culture.
7.16 : Intérêts du semis direct :
– ne pas détruire les habitats du sol,
– ne pas remuer le sol qui provoque les germinations de graines de mauvaises herbes,
– diminuer le coût en intrants, en carburants, en travail,…
7.40 : Les étapes du GIEE
1ère : Réduire les coûts alimentaires en introduisant des cultures azotées locales
2e : Travailler sur la fertilité des sols avec l’allongement des rotations, les couverts végétaux.
D’une part on va améliorer la structure des sols et la biodiversité mais on va également favoriser le stockage du carbone. Donc on est dans des étapes progressives qui vont agrader le sol mais aussi améliorer la vie de l’agriculteur à tous les échelons.
Intervenants :
Yannick Secrestat, exploitant agricole,
François Hirissou, chargé de mission agronomie et animateur du GIEE, Chambre d’agriculture de la Dordogne.
Etudiants du BTS ACSE 2 du Lycée agricole de Périgueux.