Le numérique pour un élevage plus durable ?

Ludovic Brossard, ingénieur de recherche INRAE, présente les avantages et risques du numérique dans une dynamique d'agriculture de précision. Est-ce que le numérique peut aider à accélérer la transition agroécologique ?

Pourquoi a-t-on de plus en plus recours aux technologies de précision dans l’élevage ?

L’élevage en Europe est confronté à beaucoup de défis auxquels tout le secteur doit faire face rapidement sans y être forcément préparé :
– l’impact environnemental,
– le bien-être animal,
– la sécurité sanitaire,
– l’attractivité du métier d’éleveur,
– la perte du confiance du consommateur,
– la concurrence de la production étrangère avec des règlementations qui peuvent être différentes.

Les nouvelles technologies de l’élevage que l’on peut regrouper sous le terme d’élevage de précision sont souvent présentées comme une solution offerte au monde de l’élevage pour assurer une transition vers des systèmes de production plus durables.

Ces technologies se sont clairement invitées dans le monde de l’élevage depuis plusieurs années comme dans la vie de tous les jours avec une diversité d’usages qui peut parfois faire rêver ou dérouter ou décevoir. Aujourd’hui toutes les filières animales (porcs, volailles, ruminants, poissons, …) sont concernées et de nombreux outils existent et sont constamment développés et proposés aux éleveurs.

1.35 : Peut-on définir plus précisément ce qu’est l’élevage de précision ?

Il y a de nombreuses définitions. Dans l’ouvrage et plus précisément dans notre chapitre on a retenu la définition suivante :

L’élevage de précision est défini comme l’utilisation coordonnée d’automates et de capteurs pour mesurer des paramètres relatifs aux animaux et aux bâtiments d’élevage. Des technologies de l’information et de la communication sont également utilisés pour échanger, transformer, stocker et restituer ces informations pour l’aide à la décision vers l’éleveur et aussi vers les automates. L’élevage de précision s’appuie sur des technologies telles que des capteurs, des méthodes d’analyse, des systèmes d’information, des concepts. Ces technologies présentent des formes diverses et variées qui sont en constant développement avec de vraies prouesses technologiques pour améliorer leur portée, leur efficacité et parfois réduire les coûts.

2.37 : Comment l’élevage de précision peut aider à la durabilité des élevages  ?

On peut se demander si l’arrivée de ces technologies sert l’éleveur, les animaux, le consommateur et si elles ne sont pas plus de gadgets onéreux que de réels outils capables d’appréhender toute la complexité de l’élevage et d’améliorer la durabilité.

03.03 : On peut répondre à cela que les technologies de l’élevage peuvent aider à disposer d’informations pour rendre les élevages plus durables en répondant à des enjeux importants. Cela peut être par exemple sur la surveillance des animaux (sécurité, reproduction et état physiologique) pour réagir plus rapidement et plus précisément sur les animaux et améliorer leur bien être et leur santé. On peut aussi penser à l’aide apporter aux éleveurs (optimisation des tâches d’astreinte ce qui peut aider à l’attractivité des métiers). Cela peut aussi aider à surveiller-contrôler, optimiser les ressources (eau, consommation d’aliments, pâturage). Cette gestion des ressources est un enjeu très fort.

04.00 : On parle de la durabilité prenant en compte les trois piliers : l’économie, l’environnement et l’aspect social.

4.57 : Quels sont les avantages et les risques de ces technologies selon vous ?

Les technologies de l’élevage précision peuvent être un atout pour le travail des éleveurs pour faire face à des agrandissements des cheptels, pour travailler mieux, pour améliorer la durabilité de l’élevage et aussi pour améliorer l’attractivité du métier. Mais l’intégration de toutes ces technologies peut aussi être sources de stress.  C’est aussi un changement dans le métier d’éleveur. On peut critiquer aussi ces pratiques en disant qu’il y a un risque d’éloignement des éleveurs de leurs animaux si on s’appuie uniquement sur des données et non plus seulement sur des observations. Il faut faire très attention à ce que la relation homme-animal soit respectée et que le temps gagné puisse être utilisé pour aller plus vers les animaux. Egalement si certaines technologies sont au point il y a des développements, des tris à faire dans toute cette profusion d’offres. Il faut identifier celles qui sont les plus efficaces, qui dureront et qui auront une vraie plus value et représenteront un véritable retour sur investissement. L’intégration de ces éléments dans la décision mérite d’être travaillées pour que les résultats soient au rdv.

6.20 : L’élevage numérique, il faut bien considérer que c’est un outil et pas un objectif en soi. Il faut que ce soit un moyen pour aider à la durabilité des élevages et pas une « gadgétisation » à outrance.

6.34 : Quelle est la perception et l’acceptation actuelle des éleveurs français face à ces nouvelles technologies ?

Elle est très variable. Beaucoup sont intéressés, certains sont prudents et s’intéressent au facteur coût/bénéfice. La plupart sont intéressés. Certains en élevage laitier ont adopté les robots de traite et certains en reviennent.

7.12 : S’il y a beaucoup de robots de traite installés, il y a aussi des éleveurs qui préfèrent revenir sur ces technologies parce qu’ils n’ont pas trouvé que ce moyen était adapté à leur mode de travail ou à leur élevage. Donc on n’a pas une confiance aveugle dans la profession. On a un intérêt et aussi je pense beaucoup de besoin de preuves de concept et de preuves de rentabilité pour que ces technologies soient véritablement adaptées.

8.20 : Quelles pistes d’accélération de la transition agroécologique par la voie technologique verriez-vous ?

L’agroécologie, notamment en élevage se base sur la gestion intégrée de la santé, une amélioration de l’efficacité des cycles, l’utilisation de la diversité des animaux, un respect de cette diversité, une intégration de l’élevage dans son écosystème. Tout ce qui peut aider les animaux pour assurer leur bien être notamment dans des conditions plus extensives peut aider et notamment s’il y a un retour sur investissement et un gain réel. Tout cela peut améliorer si notamment cela permet des interventions moindres mais plus précises. Et au niveau environnemental, cela peut aider si on a une meilleure gestion des ressources.

10.04 : Les barrières virtuelles peuvent par exemple permettre une mise en oeuvre plus facile des pâturages tournants dynamiques ?

En effet, cela peut permettre d’optimiser le pâturage d’une herbe de qualité et d’aider au bien-être animal.  Mais il faut qu’il y ait acceptation par l’animal et que ces outils soient facilement gérables par les éleveurs.

 

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