Crises sanitaires en élevage

Jean-Luc Angot, Chef du corps des inspecteurs de santé publique vétérinaire : différents types d'épidémies animales, origines, stratégies de prévention, de surveillance et gestion des crises sanitaires au niveau local, national, européen et mondial.

Pascale Hebel a bien montré que les crises sanitaires avaient eu un impact considérable sur la consommation. Pour tenter de mieux comprendre les dynamiques et les enjeux des crises sanitaires, leurs origines et leurs impacts (santé et économie), Jean-Luc Angot va répondre à nos questions.

1.23 : Une crise sanitaire est une manifestation violente et brutale d’une maladie ou d’un problème sanitaire qui justifie la mise en place de mesures d’exception.
Derrière les termes « crises sanitaires » il y a un caractère d’urgence. Donc il est nécessaire d’intervenir extrêmement rapidement.
Il y a également la nécessité de mettre en place des mécanismes de gestion qui permettent, lorsque la crise sanitaire apparait, de pouvoir la gérer au mieux et le plus rapidement possible
Il y a également une dimension collective puisqu’elle se gère avec des représentants de l’Etat mais également des professionnels et une intervention forte des pouvoirs publics. Il s’agit d’une des missions régaliennes de l’Etat.

2.45 : La crise de la vache folle a fortement marqué les esprits et est à l’origine d’un grand nombre d’évolutions. Mais il y a eu également la crise de la dioxine en Belgique qui a eu des conséquences politiques.  La crise des salmonelles avec le groupe Lactalis. Et plus récemment la crise du Fipronil. Et des crises sanitaires avec des maladies des animaux comme par exemple la fièvre catarrhale ovine ou l’influenza aviaire chez les canards.

3.44 : Comment classer les maladies animales ?

On distingue classiquement deux types de maladies :

  • zoonoses ou anthropozoonoses ; elles sont transmissibles de l’animal à l’Homme et également de l’Homme à l’animal. Cela marche dans les deux sens même si c’est plus fréquent de l’animal vers l’Homme.
    • la rage : éradiquée en France, elle continue à sévir dans de nombreux pays dans le monde puisqu’elle entraine encore environ 50 000 décès par an. Elle est transmise par des chiens errants en Asie notamment. En France c’était le renard qui était porteur de la rage pendant très longtemps. Cf. Vaccin de Louis Pasteur sur Joseph Meister. Grâce à la vaccination orale des renards (campagne effectuée dans les années 90) la rage a pu être éradiquée du territoire national.
    • l‘influenza aviaire qui continue à sévir régulièrement et qui est en général véhiculée par les oiseaux migrateurs.
    • la West Nile Fever, la fièvre du Nil occidental, qui est une zoonose majeure,
    • les coronavirus car on peut considérer qu’il s’agit de zoonose puisqu’elle vient de la chauve-souris avec un hôte intermédiaire,
    • la brucellose qui est une maladie très ancienne qui peut être transmise à l’homme notamment par des produits laitiers,
    • la tuberculose qui est à l’origine du contrôle sanitaire systématique dans les abattoirs.

Donc lutter contre les zoonoses c’est protéger la santé de l’Homme et de l’animal.

  • Catégories des maladies non-transmissibles à l’homme. Elles restent dans le règne animal. Elles peuvent occasionner des pertes économiques très importantes si elles sont contagieuses.
    • la fièvre aphteuse est la maladie la plus contagieuse qui touche les bovins, les petits ruminants et les porcs,
    • les pestes porcines classique et africaine. La peste porcine africaine sévit en Chine et dans l’Est de l’Europe. Nous avons été amenés en France à construire un mur dans les Ardennes puisqu’il y a eu des foyers en Belgique. Le virus est porté par des sangliers. Il n’y a pas eu de cas constatés en France.
    • la peste bovine est une maladie extrêmement ancienne qui avait été réintroduite au début du XXe siècle sur le territoire européen par un transit de zébus entre l’Amérique du Sud et l’Asie. Suite à cette introduction, un certain nombre de pays dont la France s’étaient réunis pour dire qu’il faudrait créer une organisation internationale qui puisse diffuser l’information sanitaire. Cela a été à l’origine de la création de l’OIE    En 2011, la peste bovine a été éradiquée grâce à plusieurs campagnes de vaccination. Donc c’est la deuxième maladie qui a été éradiquée de la planète après la variole. On voit ici notamment le rôle important de la vaccination.
    • la fièvre catarrhale ovine a sévi à partir de 2015-2016 et a eu de très importantes conséquences économiques.

Certaines sont transmises par les animaux, certaines par la voie alimentaire (zoonose alimentaire) et certaines sont vectorielles c’est à dire qu’il faut un hôte comme les insectes (moustiques, moucherons) ou les arachnides (tiques) pour véhiculer les pathogènes.

9.46 :

On parle d’épizootie quand les maladies ont des taux de propagation importants.  Lorsque cela touche le monde entier c’est une panzootie par analogie avec pandémie. Les enzooties sont plus délimitées au niveau géographique et durent dans le temps. Pour les enzooties, le pathogène parfois sévit à bas bruit. On a l’exemple de la leucose bovine enzootique

10.33 : Le code rural a défini un certain nombre de dangers sanitaires suite aux Etats Généraux du sanitaire qui se sont tenus en 2010. Trois catégories de dangers selon leur dangerosité et selon la responsabilité des différents acteurs.

  • Catégorie 1 : Les maladies zoonotiques et les maladies animales qui ont le plus de conséquences économiques. C’est l’Etat qui est en première ligne.
  • Catégorie 2 : Les maladies contagieuses mais qui ont un impact économique moindre que la catégorie 1. Il y a un partage des responsabilités et des financements entre l’Etat et les professionnels.
  • Catégorie 3 : Les maladies d’élevage comme la rhinotrachéite infectieuse bovine qui sont gérées par les professionnels organisés autour des groupements de défense sanitaire.

11.40 : Au niveau européen, il y a des évolutions récentes notamment autour d’une loi santé animale entrée en vigueur en avril 2021 et qui introduit une nouvelle classification. Le code rural va être revu pour être conforme avec cette nouvelle classification. Il s’agit à peu prés de la même chose que la classification française mais avec quelques évolutions.

12.05 : Quelques chiffres pour bien rappeler le contexte des maladies animales et des maladies émergentes :
– 75% des maladies émergentes humaines sont d’origine animale ;
– 60% des maladies humaines sont d’origine animale (émergence et réémergence comme pour la tuberculose) ;
– 80% des agents à potentiel d’utilisation bioterroriste sont zoonotiques
Donc vous voyez l’importance de la source animale dans l’apparition de crises sanitaires.

13.32 : D’où viennent ces crises ?

Elles viennent de la diffusion d’agents pathogènes qui sont très variés (bactéries, virus, parasites, protozoaires, …) Il y a beaucoup de types d’agents pathogènes. Sachant que toutes les bactéries et tous les virus ne sont pas pathogènes.  C’est le débat sur le microbiote : on a dans nos intestins plus de bactéries que de cellules et fort heureusement la très grande majorité des bactéries ne sont pas pathogènes et aident l’être humain à vivre et lui sont donc indispensables. Et malheureusement il y a un petit pourcentage de bactéries pathogènes ou qui deviennent parfois pathogènes. Il y a des bactéries qui franchissent la barrière d’espèce. En effet des maladies qu’on pense réservées à une espèce ou à un groupe d’espèces animales à un moment donné s’adaptent à d’autres espèces et en particulier à l’espèce humaine. Le covid-19 en est un très bon exemple.

15.18 : Il faut prendre en considération l’état des dispositifs nationaux de surveillance, de gouvernance. S’il y a des bons contrôles à l’importation, une bonne surveillance, une bonne gouvernance, cela a pour conséquence de diminuer l’impact de la maladie.

La contagiosité du pathogène et la pathogénicité entrent en ligne de compte mais également tous les dispositifs de contrôle qui, s’ils sont déficients ou défaillants, favorisent l’apparition de crises.

16.04 :

Nous sommes en forte croissance démographique avec peut être 10 milliards d’habitants sur la terre en 2050.
Intensification de l’élevage > promiscuité des animaux.
Changement climatique : il y a des vecteurs qui sévissaient dans les pays plutôt tropicaux et qui progressent vers le nord. La FCO (la fièvre catarrhale ovine) en est un bon exemple puisque c’est un moucheron plutôt considéré comme exotique qui a été introduit en Europe, aux Pays-Bas.
La modification des écosystèmes : la perte de la biodiversité notamment due à la déforestation. Par exemple le virus Nipah en Malaisie à la fin des années 90 également porté par les chauve-souris qui hébergent de nombreux pathogènes et de nombreux virus. Ce virus Nipah a été en contact avec des porcs puisqu’il y a eu des opérations de déforestation très importantes en Malaisie qui ont déplacé des populations de chauves-souris. Elles ont donc migré vers les élevages de porcs et le virus s’est adapté au porc qui est souvent un hôte intermédiaire contaminant l’homme. Il y a eu de nombreux morts dus au départ par cette déforestation. On pourrait citer d’autres exemples.
Et il y a également le commerce légal et illégal d’animaux sauvages puisque ces derniers hébergent de nombreux pathogènes. Dès qu’on met des animaux sauvages en contact avec des animaux domestiques ou avec l’homme il y a un risque plus important de contamination.

19.34 : Comment en est-on arrivé à cette « fragilisation » du vivant ?

Il y a eu des évolutions sur les modes de production. Au sortir de la guerre on est passé à une phase très productiviste avec une intensification de la production qui a entrainé une plus grande promiscuité entre les animaux sauvages, les animaux domestiques, l’homme. Cette promiscuité a créé un terrain favorable à la diffusion des pathogènes. Et il y a eu un autre effet : l’utilisation très importante des antibiotiques aussi bien dans l’espèce humaine que chez les animaux. Les antibiotiques ont été utilisé dans l’alimentation de façon intempestive en élevage dans notre pays mais aussi dans d’autres pays comme facteur de croissance. Depuis 2006, les antibiotiques ne peuvent plus être utilisés dans l’alimentation animale dans l’Union Européenne. En revanche, dans beaucoup de pays dans le monde notamment en Amérique (nord et sud), en Asie et dans bien d’autres pays les facteurs de croissance antibiotiques sont encore utilisés dans l’alimentation et on sait que c’est un des facteurs de développement de l’antibiorésistance qui est un enjeu sanitaire majeur du XXIe siècle. On considère que depuis 2000 la résistance aux antibiotiques d’agents pathogènes présents chez les animaux a été multipliée par 3.

21.15 : Il y a eu un rapport britannique en 2016 qui a évalué à prés de 10 millions de vies par an menacées par l’antibiorésistance. Ce qui correspondrait à une perte cumulée du PIB de 1000 milliards de dollars. Ce sont des impacts qui vont perdurer si on ne prend pas de mesures drastiques pour diminuer la consommation d’antibiotiques. Les décideurs publics ont bien pris en compte cela dans l’Union européenne et dans de nombreux autres pays dans le monde.

21.50 : En France, il y a eu la mise en place en 2011 du plan ECOANTIBIO. Nous en sommes au plan ECOANTIBIO 2. Ce plan a eu des effets extrêmement positifs avec une diminution des ventes d’antibiotiques et une baisse de l’indice d’exposition AELA (AELA : Animal Level of Exposure to Antimicrobials) de 44.3% depuis 2011. Le Réseau Resapath de l’ANSES est en charge de l’observation nationale.
On voit que lorsqu’on prend des mesures pas nécessairement règlementaires mais de prise de conscience, de sensibilisation des différents acteurs, on obtient des résultats. Il y a aussi des alternatives : vaccins, l’utilisation de phages (virus n’infectant que des bactéries).

22.56 : Les antibiotiques sont importants mais il faut vraiment les réserver aux cas qui nécessitent l’usage d’antibiotique et ne pas galvauder leur usage.

https://resapath.anses.fr/
https://agriculture.gouv.fr/ecoantibio

23.23 : Pourquoi est-il plus important de prévenir que de guérir ?

Sur le plan de la santé publique : cela évite la mortalité ou de la morbidité.
Sur le plan économique, il y a eu des rapports notamment de la Banque Mondiale qui ont montré qu’il y avait un rapport de 1 à 7 entre le coût de la prévention et celui de la gestion de crise. Il est malheureusement très difficile d’arriver à expliquer et à convaincre qu’il faut investir dans la prévention parce que tant qu’il n’y a pas de crise, les personnes qui sont en charge du budget la négligent. Mais toutes les crises qui sont arrivées ces dernières années ont montré que si on avait investi davantage dans la prévention on aurait minimisé leur impact. Au bilan ça aurait coûté beaucoup moins cher. On l’a vu avec l’influenza aviaire dernièrement. S’il y avait eu des mesures de biosécurité suffisantes en amont ça aurait évité plus de 500 millions d’euros de dépenses.

Les dispositifs de prévention intègrent donc deux notions :
– surveillance,
– biosécurité.

25.54 : La biosécurité

Pour donner une exemple : la biosécurité c’est tout ce qui a été mis en place dans le cadre de la crise covid19 (mesures barrière : masques, distanciation physique, contrôles aux frontières). Toutes ces notions-là existent dans le monde animal depuis très longtemps. C’est pour cela que l’expérience vétérinaire a été prise en compte dans la gestion de la crise covid19. Cela s’est manifesté par l’intégration d’un vétérinaire dans le conseil scientifique covid19 car nous avons toute une expérience de gestion des populations (épidémie populationnelle) et de toutes les mesures de biosécurité. Lorsqu’il y a un foyer, la première des choses c’est d’endiguer le foyer, de mettre des contraintes de déplacement, des mesures de sécurité pour entrer dans les élevages (combinaisons,…).

27.36 : On parle de biosécurité externe lorsqu’on veut empêcher des introductions dans les élevages. Biosécurité interne c’est au sein d’exploitation, si il y a pathogène, il s’agit d’en réduire la propagation au maximum à l’extérieur.

27.56 : La faune sauvage est malheureusement porteuse de nombreux pathogènes et il faut donc éviter le contact entre cette faune sauvage (sangliers qui portent la peste porcine classique, la tuberculose ; les cervidés qui portent la tuberculose ; les blaireaux ; …) et les animaux domestiques.
28.30 : Il faut donc qu’il y ait dans les mesures de biosécurité une séparation entre les animaux d’élevage et la faune sauvage. C’est plus difficile avec les oiseaux migrateurs mais avec la mise en place de filets reste une possibilité.

28.42 : Cela alimente aussi le débat élevage extensif vs élevage intensif. On a dit que l’intensification avait favorisé le brassage de pathogènes. D’un autre côté un élevage pas forcément très intensif mais fermé en tout cas est plus facile à contrôler d’un point de vue sanitaire qu’un élevage plein air.

29.34 : Deuxième élément du dispositif de prévention : la surveillance

La surveillance est fondamentale. Le dispositif européen ne prévoyait pas de surveillance et grâce aux débats en France sur les Etats Généraux du Sanitaire en 2011 et la mise en place la même année d’une plateforme d’épidémiosurveillance santé animale (plateforme ESA) il y a eu une sensibilisation. La loi européenne de santé animale intègre cette notion de surveillance qui est en amont du dispositif.

30.10 : Cette plateforme rassemble les services de l’Etat, les professionnels, le réseau des laboratoires, la recherche, l’Office Français de la Biodiversité, les chasseurs et de nombreux partenaires. Ils échangent leur données via cette plateforme. Cela permet, sur la base de signaux faibles d’anticiper, de se préparer et d’éviter qu’apparaissent des crises sanitaires.

La notion de réseau est extrêmement importante pour partager des données notamment via le dispositif OSCAR qui surveille la mortalité par espèces. Dans le cas d’augmentation de mortalité on essaie d’en trouver la cause.

On s’appuie également sur des analyses épidémiologique, une très bonne coordination des acteurs et des liens étroits avec les laboratoires (départementaux de routine et les laboratoires de référence qui se trouvent à l’ANSES, à l’INRAE, dans les Ecoles vétérinaires,…).

31.44 : On a le même dispositif dans la santé végétale. Et également dans la surveillance de la chaine alimentaire.

31.55 : L’idée étant ensuite de développer les interactions entre ces plateformes.

32.06

Si on n’a pas réussi à l’éviter, il faut la gérer. En commençant par la surveillance pour voir comment elle évolue. Il faut avoir un dispositif qui permette de détecter rapidement la maladie. D’où l’importance du rôle des éleveurs qui sont les premières sentinelles et qui peuvent appeler leurs vétérinaires praticiens qui doivent alerter les services de l’Etat en cas de suspicion (Direction départementale de protection des populations).

Grace au réseau des 14000 vétérinaires ayant une habilitation sanitaire on a un maillage efficace.

33.39 : Il y a la nécessité de disposer de plans d’urgence élaborés en amont avec tous les partenaires. Tous ces plans d’urgence sanitaire en matière de santé animale sont calqués sur des plans ORSEC  qui font intervenir les pompiers, la police et éventuellement l’armée si c’est nécessaire.

34.10 : Gouvernance avec un niveau central, niveau régional et départemental.

Les plans d’urgence sont déclinés selon des PISU  

Il y a un plan global pour la santé animale ensuite il y a des plans élaborés par maladies au niveau national. Ensuite tous ces plans doivent être déclinés au niveau départemental en fonction des spécificités du territoire (organisation des élevages, organisation des services, topographie). C’est une obligation européenne d’avoir des plans d’urgence régulièrement mis à jour. Ils sont rédigés par maladies et sont ensuite déclinés géographiquement.

35.39 : Ces plans d’urgence sont mis en œuvre par qui ?

Au niveau départemental : ce sont les Directions Départementales de Protection des Populations (DDPP) qui sont responsables de leur mise en œuvre. S’il y a une envergure régionale elles seront en lien avec la DRAAF.

Il y a un rôles des Préfets de Zones de Défense. Vous savez que la France est organisée en zones de défense. Au sein de ces préfectures un certain nombre d’inspecteurs vétérinaires y travaillent.

36.26 : Au niveau de l’Europe et au niveau International ?

On peut estimer que 97% de la règlementation est harmonisé au niveau européen. Donc on a une Europe de la santé animale alors qu’on n’a pas une Europe de la santé humaine (il n’y a rien dans le traité de Rome à ce propos).

Il y a existence d’une agence l’EFSA qui se trouve à Parme et qui fait des évaluations scientifiques. En France on a l’ANSES et chaque pays européen en a une.

Ce qui est important c’est la diffusion de l’information au niveau européen. Dès qu’il y a suspicion dans un pays, l’information est communiquée à tous les autres pays pour pouvoir anticiper.

38.15 : La Commission Européenne gère des banques de vaccins. S’il y a des problèmes dans une zone il peut y avoir don de vaccins par la Commission Européenne.

38.40 : Il y a eu une réorganisation suite à la crise de la vache folle avec une séparation évaluation scientifique du risque par l’EFSA au niveau européen et au niveau national par l’ANSES – gestion du risque est au niveau des décideurs publics (Ministère de l’ Agriculture et de l’Alimentation au niveau national et au niveau européen la Direction Générale Santé).

39.50 :
Au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation :
– la DGPE ne s’occupe que d’économique.
– la DGAL ne s’occupe que de sanitaire et de politique alimentaire

40.11 : Au niveau international :
OIE créée en 1924 qui avait pour mission la diffusion de l’information sanitaire au niveau mondial mais qui, depuis, a eu d’autres missions comme l’élaboration de normes de référence au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce dans le cadre de l’accord SPS (applications des mesures sanitaires et phytosanitaires).

40.31 : La FAO intervient sur le terrain dans les pays en matière de santé animale pour coordonner des programmes d’éradication ou de prévention.

40.45 : L’OMS quand il s’agit de zoonoses.

Les trois organisations se sont réunies dans une alliance tripartite qui a travaillé beaucoup sur la rage, sur l’influenza aviaire et sur l’antibiorésistance. Tout récemment cette alliance a été élargie au Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) pour prendre en considération la santé environnementale.

41.16 : Le concept de One Health est un concept ancien : santé humaine, santé animale et santé environnementale.

41.23 : Avec le covid, a été créé un panel d’experts de haut niveau One Health avec des agronomes, des vétérinaires, des médecins, des écologues pour qu’on ait une vision transdisciplinaire des choses. L’Organisation Mondiale de la Santé pilote le dispositif.

41.53 : Quel lien/quel impact entre crise sanitaire et performance/guerre économique ?

Il y a toujours un enjeu économique important surtout pour des pays comme la France qui est un gros pays agricole et un grand pays exportateur de produits animaux et d’origine animale.

Souvent quand il y a une crise sanitaire, il y a des fermetures de frontières, un embargo. On a eu le cas avec la vache folle qui a commencé en 1996 or la Chine n’a levé son embargo viande bovine France qu’en 2020. Et on a des pays comme la Corée ou Taïwan qui maintiennent leur embargo alors que la maladie de la vache folle est loin derrière nous.

44.15 : Les contraintes peuvent être des fermetures aux frontières mais aussi des restrictions aux échanges avec une régionalisation (impossibilité de commercialiser les produits d’une région ; des contraintes de certificats sanitaires importants ; des quarantaines ; …). Toutes ces sanctions ont un coût. Les négociations sanitaires sont extrêmement importantes avec des pays tiers mais également en intra-européen.

45.52 : Notion de solidarité internationale. On est amené à aider des pays à se débarrasser de maladies car ça peut constituer un risque d’introduction de cette maladie dans les autres pays. On ne peut pas raisonner qu’à l’échelle d’un pays.

47.19 : L’OIE a mis en place un système d’évaluation de la qualité des services vétérinaires dans les différents pays. Des diagnostics sont faits sur la base des constats et des bailleurs de fonds (Banque Mondiale, …) peuvent intervenir pour aider les pays à améliorer leurs dispositifs sanitaires.

48.03 : Au niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce, créée en 1995, un accord spécifique sur les aspects sanitaires (accord SPS sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires) qui donne des dispositions d’échange et qui cite un certain nombre d’organismes normatifs de référence :
– pour la santé animale : OIE,
– pour la sécurité sanitaire des aliments : codex alimentarius,
– pour la santé végétale : convention internationale de protection des végétaux (CIPV).

48.42 : Comment peut-on faire une sorte de compromis entre exigences sanitaires de l’élevage (dont on a vu que l’optimum c’était dans des milieux clos), le bien-être animal qui veut que les animaux soient le plus possible en liberté et la place de l’animal dans le système agroécologique favorisant la biodiversité ?

C’est pour cela qu’il y a des évolutions notamment avec le concept de One Health qui introduit la santé des écosystèmes.

On ne peut pas conclure que le Covid 19 est la résultante d’une perte de biodiversité ce sont plutôt des contacts directs sur un marché ou des contacts entre élevages domestiques et élevages de visons par exemple peut être même une fuite de laboratoire.

Il n’y a donc pas forcément un lien direct entre coronavirus et déforestation ou intensification de l’élevage même si ces sujets-là sont à l’origine d’autres maladies.

50.46 : Récemment il y a eu une prise de conscience que la perte de biodiversité est un facteur d’émergence de nouvelles maladies. Donc à la base il faut réinstaurer la biodiversité, c’est la vie. Et cette biodiversité a un impact éventuel sur certaines maladies émergentes.

51.12 : Il y a des demandes de plus en plus importantes de la société concernant le bien-être animal. Il faut d’ailleurs avancer davantage avec notamment un étiquetage règlementé des modes d’élevage et du bien-être animal. Pour le moment il y a quelques initiatives privées qui existent (en Allemagne le dispositif tierwohl). Je crois que la France a l’intention d’avancer sur cette question pendant la présidence de l’Union Européenne à partir du premier semestre 2022.
Il faut que le consommateur soit informé sur les modes d’élevage et d’abattage.
52.07 : Il faut aussi lutter contre le braconnage et la commercialisation d’animaux sauvage car c’est souvent ce vecteur qui permet la transmission de pathogènes.
52.24 : Il y a toutes les mesures de biosécurité. Le plein air n’est pas la panacée concernant la sécurité sanitaire aussi il faut faire de la recherche pour trouver des solutions conciliants meilleur respect du bien-être animal et bonnes mesures de biosécurité. Des parcours peuvent être protégés.

53.30 : Cela va être mis en œuvre dans le Sud Ouest suite à la crise Influenza aviaire de 2021. Les élevages vont être reconstitués certainement de façon moins dense qu’avant. On avait eu un premier épisode en 2015-2017 qui avait coûté plus de 300 millions d’euros, 12 millions de canards abattus. Toutes les leçons n’ont pas forcément été tirées.

54.24 : Il y a toute une feuille de route qui est en train d’être écrite pour encadrer la reconstitution des élevages sous certaines conditions (limitation de leur taille et mise en place de mesure de biosécurité).

55.24 : Il y a tout le débat de l’abattage des animaux. Il y a une moindre acceptation de l’abattage des animaux par le grand public. C’est pour ça que pour l’influenza aviaire on va réfléchir à la possibilité de recourir à la vaccination même si cela peut avoir des répercussions à l’exportation puisque certains pays ne vont pas forcément accepter la vaccination des animaux. Mais cela évitera sans doute d’abattre trop d’animaux. Quand il y a eu l’épisode de fièvre aphteuse en 2001 au Royaume Uni, plus de 10 millions de bovins ont été abattus ce qui a occasionné un coût de près de 10 milliards d’euros. A l’époque il y avait des images de charniers d’abattage dans des conditions parfois un peu dramatiques. Cette façon de faire ne passerait plus du tout maintenant.

On a eu le développement de vaccins DIVA (differenciating Infected from Vaccinated Animals) qui font la différence entre des animaux qui ont des anticorps (parce qu’ils ont eu la maladie et qu’on peut identifier sur la base d’une sérologie) et des animaux qui ont une sérologie positive parce qu’ils ont été vaccinés. L’enjeu : la vaccination de la fièvre aphteuse est interdite au niveau de l’UE à cause des répercussions sur les exportations vers certains pays tiers.

Il va y avoir des évolutions majeures qui vont permettre de contrôler davantage les maladies animales en évitant d’abattre des animaux de façon disproportionnée.

 

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