L’importance de la rotation dans l’agroécologie

Les logiques de rotation des cultures par Julien Senez.

DEFINITION DE LA ROTATION

0.02 : La rotation est un outil stratégique permettant d’augmenter la performance agronomique de son système. C’est l’enchainement ordonné de familles de cultures différentes sur une période plusieurs années. Les rotations peuvent être courtes (sur deux ou trois ans) ou allongées sur une période beaucoup plus longue.
0.19 : L’agroécologie se caractérise par une intensification des enchainements des cycles de production.

Entre chaque culture principale, des cultures intermédiaires de type couvert ou double culture sont positionnées. Cette intensification est un outil puissant pour accroitre la fertilité de son système.

0.44 : Comment repenser sa rotation en agroécologie ?

Cette rotation de type céréalier est diversifié avec 5 cultures. Elle est fait déséquilibrée au niveau des familles en étant composée à 60% de graminées, 20% de crucifères et 20% de protéagineux. Avant même de commencer on sait qu’on expose à des risques de salissement en graminées.
1.19 : La première règle est de modifier ces enchainements pour créer une rotation en 2-2. Il suffit pour cela d’inverser le blé et le colza en années 2 et 3.

On a alors un système où, sur deux années consécutives (1 & 2), on traite notre salissement en graminées avec culture de pois et de colza.
Puis, sur les années 3 et 4 avec blé et escourgeon on traite notre salissement dicotylédones.
Cette inversion est également vertueuse pour le cycle de l’azote. Le pois va restituer de l’azote au colza qui est gourmand en fertilité. Il est également plus aisé d’implanter un colza dans des résidus de pois on se prémunit ainsi des risques de limaces derrière le blé.

2.00 Voyons maintenant comment intensifier ces cultures en y greffant des cultures intermédiaires.

En année 1, on peut utiliser des repousses de pois que l’on fait germer par un travail superficiel de sol. Ces repousses viendront ainsi couvrir le sol, limitant ainsi le salissement estival.

En année 2, on implante un colza associé à de la féverole et du trèfle blanc. La féverole disparaitra après la période hivernale. Le trèfle blanc va se maintenir dans la culture de colza et sa végétation explosera après la moisson. Le blé sera alors semé sous couvert de trèfle.

En année 3, on vient implanter un couvert composé d’une quinzaine d’espèces dans lequel on viendra semer sous couvert notre orge d’hiver.

En année 4, on implante en direct dans les pailles un sarrasin en dérobé.
Un point important : apparition des cultures en dérobé uniquement en 4e année de la transition où les sols sont devenus vivants.

En année 5, on vient implanter un couvert d’hiver (féverole d’hiver et orge de printemps) précédent un maïs.

La mise en place des cultures intermédiaires a dopé notre système. On a intensifié les cycles. Le végétal est omniprésent.

Il est important de noter le fait qu’on ait positionné volontairement des légumineuses au niveau de nos couverts. Cela permet de rééquilibrer cette rotation où les graminées sont prédominants.

3.30 : Voyons comment cette rotation répond à notre cahier des charges agroécologique. Pour réussir cette transition il faut activer trois leviers simultanément :
– minimiser le travail du sol,
– développer la biomasse pour réduire le salissement,
– développer la biodiversité inter et intra spécifique.

3.56 : Ces enchainements sont vertueux car on réduit considérablement le travail du sol. En conventionnel, on est sur une moyenne de 3 travaux de sol par an.

4.08 : En agroécologie, 0.8 travail du sol par an. On utilise le travail superficiel du sol uniquement sur des périodes où on a besoin soit d’activer la minéralisation soit de mulcher les pailles. La réduction du travail du sol a un impact direct sur le développement de l’activité biologique.

4.36 : Développement des biomasses pour réduire le salissement

L’ensemble des cultures principales et intermédiaires ont été représentées.

Une règle ressort rapidement : plus les biomasses sont importantes plus la pression salissement est faible. A titre d’exemple, le sarrasin ou le couvert multi-espèces couvre le sol à 80% en 22 jours et sont en mesure de produire 4 tonnes de biomasse à l’hectare. La compétition est telle que le salissement est faible voire nul avec des couvertures d’adventices inférieur à 5% à 50 jours.
A contrario on voit que les cultures principales sont en retrait en terme de biomasse et que les niveaux de salissements peuvent être élevés.
Dans l’agriculture agroécologique, on se sert des cultures intermédiaires puissantes pour adosser des cultures principales sensibles au salissement.

5.40 : Le dernier pilier est la biodiversité caractérisée par la diversité intra et inter spécifique. C’est à dire par le nombre d’espèces et/ou de variétés différentes que l’on a à l’échelle de son système. Dans une rotation simple, cinq espèces sont présentes. Dans une rotation évoluée où on mêle culture principale, plantes compagnes, couverts et cultures dérobées on parvient à 29 espèces différentes sur une rotation, on multiplie par 6 la biodiversité. Cette richesse aura un impact significatif sur la résilience du système et réduira de fait notre niveau de dépendance à la chimie.

6.25 : On a perfectionné notre rotation mais pour quels résultats ? Sommes-nous au final plus rentables ?

6.34 : Contrairement à ce qu’on pourrait penser les niveaux de charges sont proches. Nous avons substituer la mécanisation par le végétal. On a réduit le poste « travail du sol » de 50 euros/hectare. Et de l’autre côté les postes semis et couverts végétaux sont venus croitre de 25 euros/hectare chacun.  La différence va venir se jouer sur les postes de produits où on développe la résilience face au changement climatique.

7.04 A terme les exploitations sont également moins dépendantes des ressources fossiles.

Ces rotations font diminuer de 45% les consommations en carburant. Réduction du temps passé à l’hectare de 70%, on peut le réallouer à des activités à plus forte valeur ajoutée.

 

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